Les Deux Catégories d'Innovation : la Haqīqiyyah et la Idāfiyyah

Les savants de Ahl as-Sunnah ont expliqué que l'innovation est de deux sortes. La haqīqiyyah, l'innovation absolue. Elle n'a absolument aucune relation avec la Charī’ah ou origine dans la Charī’ah. C'est quand quelqu'un cherche à se rapprocher d'Allāh par une chose par laquelle le Messager (‘alayhis salam) n'a jamais cherché à se rapprocher d'Allāh, à sa base même. Des exemples de ce type d'innovation sont le fait de chercher à se rapprocher d'Allāh en célébrant des anniversaires, ou par la danse et la musique, par le mensonge, ou en faisant du théâtre.

 

Quant à l'innovation idāfiyyah (relative), c'est quand quelqu'un cherche à se rapprocher d'Allāh par une chose par laquelle on cherche bien à se rapprocher d'Allāh à sa base (asl), mais à laquelle la personne ajoute quelque chose qui la fait sortir de la forme sous laquelle elle est venue dans la Charī’ah, et cela peut se faire au niveau de six choses :

 

al-kam (le nombre)

al-kayf (la forme, la manière)

al-jins (le type, l'espèce)

as-sabab (la raison, la cause)

al-makān (le lieu, l'endroit)

az-zamān (le temps, le moment)

 

En voici une illustration :

 

al-kam (le nombre) : C'est quand quelqu'un adore Allāh en altérant le nombre lié aux actes d'adoration, comme prier quatre unités (raka’āt) au lieu de trois au maghrib, ou lapider les jamarāt (stèles) au Hajj dix fois au lieu de sept, ou faire du dhikr d'Allāh avec des adkhār un certain nombre de fois qui n'est pas établi dans la Sunnah, comme le répéter cinq fois alors que la Sunnah dit trois fois, etc.

al-kayf (la forme) : C'est quand une personne change la forme et la nature de l'acte d'adoration, comme le fait d'accomplir un acte d'adoration à l'unisson (par exemple le dhikr) alors que dans la Sunnah il ne se fait pas de cette manière-là, ou comme faire le sa’ī avant le tawāf lors de la Umrah, ou faire le wudhu en commençant d'abord par laver les pieds. Toutes ces choses enfreignent et rompent avec la forme de l'acte d'adoration tel qu'il est venu dans la Charī’ah.

al-jins (le type, l'espèce) : C'est lorsque l'on change le type ou l'espèce définie pour un acte d'adoration. Par exemple, au lieu de sacrifier un mouton, la personne immole une gazelle ou un autre animal, qui n'entre pas dans les espèces spécifiées dans la Charī’ah.

as-sabab (la raison, la cause) : C'est lorsqu'une personne accomplit un acte d'adoration en raison d'une cause à laquelle cet acte n'a pas été rattaché dans la Charī’ah. Par exemple, on n'effectue pas une prière funéraire lorsqu'une (parce qu'une) éclipse a lieu, et l'accomplissement de la prière de l'éclipse n'est pas lié à d'autres événements. De même le fait de fixer l'accomplissement de la prière de tahajjud la nuit que l'on prétend être celle où le Messager (‘alayhis salam) a été élevé aux cieux en est un autre exemple. De même concernant l'expiation (par le jeûne) qui se fait pour avoir rompu sa promesse. Associer des actes d'adoration à des raisons ou des causes non établies dans la Chari’ah est une forme courante d'innovation.

al-makān (l'endroit) : C'est par exemple si une personne s'arrête à un autre endroit que Arafat lors du Hajj (le jour de Arafat), ou fait le tawaf et le sa’ī à un autre endroit que leur endroit respectif, ou si un homme fait l'i’tikaf (retraite pieuse) autre part que dans une mosquée.

az-zamān (le moment) : C'est lorsqu'une personne accomplit des actes d'adoration en dehors de leur temps légiféré, comme sacrifier l'animal au tout début des jours du Hajj, fixer le sacrifice d'un animal pendant Ramadan alors que la Chari’ah n'a pas fixé cela, ou faire le jeûne du mois de Ramadan à un autre mois. Cela peut être aussi lorsqu'une personne fixe, pour un acte d'adoration, un moment que la Charī’ah n'a pas précisé, comme le fait d'accomplir un rappel précis ou la récitation d'une sourate du Qoran à un moment précis de la journée ou à un jour précis de la semaine, comme quand une personne fixe la récitation de sourate al-Moulk le vendredi, croyant que c'est vertueux et que c'est se rapprocher d'Allāh que de faire cela.

 

La majorité des innovations sont idāfiyyah (relatives) et c'est la raison pour laquelle l'innovation est trompeuse et attirante : parce qu'elle ne semble pas fondamentalement mauvaise en apparence, mais semble au contraire bonne, ressemblant à la Chari’ah dans sa base, mais contrevenant à la Chari’ah dans les points susmentionnés. C'est ce qui montre le grand mal de l'innovation, en cela qu'elle est attrayante et que l'on a du mal à la voir comme un égarement. C'est pourquoi le Messager (‘alayhis salām) mettait en garde de manière récurrente contre les innovations, contre leur égarement et leur mal.

 

Comprendre la Nature de l'Argument des Innovateurs Pour Justifier l'Innovation

 

Un point qu'il est utile de mentionner ici, que l'on abordera aussi dans d'autres articles inchā'Allāh, est que :

 

Un des arguments utilisés par les adorateurs de tombes et les innovateurs est que les innovations qu'ils font ont une base (asl) dans la Chari’ah et que ce sont donc de « bonnes innovations (bid’ah hasanah) » et non de « mauvaises innovations ». Ils se servent ensuite des paroles de certains savants, croyant fermement qu'elles les appuient dans cette classification. Ce n'est pas l'endroit pour répondre à cette mystification-là, mais la remarque que nous voulons faire ici, c'est que si on expose tous les exemples et toutes les illustrations données ci-dessus, une telle personne ne pourra pas contester le fait que tous les actes d'adoration sont venus dans la Chari’ah restreints et déterminés quant à leur nombre (kam), leur forme (kayf), type (jins), sabab (cause), zaman (moment) et makan (lieu). Dans notre expérience pratique, nous n'avons jamais rencontré quelqu'un capable de contester cela, surtout quand on donne des exemples pratiques de comment les actes d'adoration qui ont une base dans la Chari’ah se font d'une manière autre que celle légiférée dans la Chari’ah. La personne acceptant cet état de fait, l'allégation comme quoi leur innovation est « bonne » parce qu'elle a une base dans la Chari’ah, est alors invalidée. Il s'agit au contraire d'une mauvaise innovation (comme toutes les innovations dans la religion) car elle contredit la Chari’ah dans sa forme et son détail.

 

Que les Salaf aient rejeté des innovations qui dans leur base avaient un fondement dans la Chari’ah mais qui dans leurs détails dérogeaient à la Chari’ah, est un fait fermement établi dans les narrations, et nous consacreront à la présentation de telles narrations des articles à part entière.


Se référer à :

 

al-I’tisam de l'Imam ach-Chatibi

al-Ibdā' fi Bayān Kamāl ach-Char’ de Cheikh Ibn al-‘Uthaymin

 

 


Source : www.bidah.com

N.d.T. : Vous pourrez aussi trouver les termes « haqīqiyyah » et « idāfiyyah » traduits resp. « effective, réelle » et « additive, additionnelle » sur le web francophone.

Traduction tiré du site : http://albasyrah.over-blog.com

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